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Page:Cuvier - Recueil des éloges historiques vol 1.djvu/142

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nier, il lui donna une place gratuite à l'école d'Alfort.

Gilbert, déjà fort instruit, et placé au milieu de jeunes gens la plupart dénués d'études préliminaires, ne pouvait tarder à être remarqué. On lui confia le soin de faire répéter les leçons aux élèves les moins avancés ; on lui fit traduire du latin quelques ouvrages relatifs à l'art vétérinaire, et le directeur de l'école le prit pour son secrétaire particulier.

Ces distinctions en faveur d'un nouveau venu étaient plus que suffisantes pour exciter la jalousie : cependant elles étaient si justes, et le caractère franc et ouvert de celui qui les recevait laissait si peu de prise à la haine, que Gilbert conserva toujours l'attachement de ses camarades, et que plusieurs d'entre eux parlent encore de lui avec une sorte d'enthousiasme.

Il n'avait été que trois ans élève d'Alfort, lorsqu'il en fut nommé professeur, c'est-à-dire, lorsqu'il devint le collègue des Daubenton, des Vicq-d'Azyr et des Fourcroy.

La vivacité de l'esprit, la rapidité et l'abondance de l'élocution, qui ne font pas toujours le savant profond, sont les premières qualités du professeur ; c'est en mettant lui-même à ce qu'il dit toute la chaleur d'un vif intérêt, qu'il sait en inspirer à ceux qui l'écoutent.

Gilbert, qui possédait toutes ces qualités dans un degré éminent, eut le plus brillant succès, et ce fut seulement alors que son père se réconcilia avec lui, s'apercevant que le choix que son fils avait fait de lui-même valait au moins celui auquel il avait voulu le contraindre.