Page:Cuvier - Recueil des éloges historiques vol 1.djvu/173

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fait juger Darcet. Elles sont, il est vrai, pour un savant, le premier titre à la gloire ; mais elles ne sont pas le seul devoir auquel il s'engage. Dix-huit ans professeur au Collège de France, Darcet répandit les lumières de la chimie dans les ateliers des arts : il forma plusieurs des maîtres actuels de la science ; et, comme le gouvernement, dans les rétributions qu'il accordait, aux professeurs, n'avait point encore calculé l'influence que des leçons bien faites peuvent avoir sur la prospérité nationale, il était obligé de consacrer annuellement les deux tiers de ses honoraires aux frais de son cours.

Chimiste des manufactures de Sèvres et des Gobelins, il perfectionne dans l'une les procédés de la cuisson, dans l'autre ceux de la teinture. Il n'eut point à introduire dans la première son invention des mélanges nécessaires à la porcelaine dure : le hasard avait fait découvrir à son prédécesseur Macquer une terre toute préparée par la nature[1], qui rend désormais superflues les pénibles combinaisons de l’art.

Inspecteur des essais à la monnaie, il sut effrayer par une probité sévère ces intrigants que la pénurie des finances et la faiblesse du gouvernement attirèrent pendant quelques années avec leurs projets, extravagants s'ils n'eussent été honteusement cupides.

Membre de ces grands corps scientifiques appelés à éclairer le gouvernement sur les matières de leur ressort, les gens de lettres sur les ouvrages qu'ils leur

  1. La terre à porcelaine de Saint-Yrieix près Limoge ; c'est un feldspath décomposé.