Page:Cuvier - Recueil des éloges historiques vol 1.djvu/19

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Tout le monde connaît la merveilleuse métamorphose qu'éprouve la grenouille pour passer de l'état de fœtus on de tétard à l'état adulte. On sait qu'après avoir respiré, dans le premier de ces deux états, par des branchies, comme les poissons, elle respire, dans le second, par des poumons, comme les animaux terrestres.

M. Cuvier a fait connaître la structure des organes de la respiration et de la circulation d'un genre de reptiles qui offrent quelque chose de plus curieux encore.

La grenouille est, tour à tour, poisson dans son premier âge, et reptile dans le second. Ces nouveaux reptiles, plus singuliers encore, tels que le protée, l’axolot, la sirène, sont toute leur vie reptiles et poissons ; ils ont tout à la fois des branchies et des poumons, et peuvent, pendant toute leur vie, respirer alternativement dans l'air et dans l'eau.

M. Cuvier est encore le premier qui ait donné une comparaison suivie des cerveaux dans les quatre classes des animaux vertébrés ; le premier qui ait fait remarquer les rapports du développement de l'intelligence, branche de l’anatomie comparée, devenue depuis si féconde et si étendue ; le premier, enfin, qui ait déduit, d'une manière rigoureuse, de la quantité respective de la respiration de ces animaux, non seulement le degré de leur chaleur naturelle, mais celui de toutes leurs autres facultés, de leur force de mouvement, de leur finesse de sens, de leur rapidité de digestion.

Mais l'application la plus neuve et la plus brillante qu'il ait faite de l’anatomie comparée est celle qui se rapporte aux ossements fossiles.

Tout le monde sait aujourd'hui que le globe que nous habitons présente, presque partout, des traces irrécusables des plus grandes révolutions.

Les productions de la création actuelle, de la nature vivante, recouvrent partout les débris d'une création antérieure, d'une nature détruite.

D'une part, des amas immenses de coquilles, et d'autres corps marins, se trouvent à de grandes distances de toute mer, à des hauteurs où nulle mer ne saurait atteindre aujourd'hui ;