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Page:Cuvier - Recueil des éloges historiques vol 1.djvu/203

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ce sont les catholiques qui passent pour l'être, et les protestants qui les dominent y sont royalistes, parce que le roi est de leur parti.

Cette opposition naturelle est plus véhémente en Angleterre qu'ailleurs, précisément parce qu'on y tolère les dissidents à demi, et parce qu'on ne les y tolère qu'à demi. On les y tient éloignés des honneurs et des affaires ; on les y contraint de payer rigoureusement la dîme pour un culte qu'ils ne suivent pas ; leurs enfants ne sont pas même admis dans les universités nationales : et cependant on les y laisse nombreux et riches ; ils s'y assemblent , ils y parlent, y impriment, y jouissent de tous les moyens d'exalter leur ressentiment.

Priestley fut pendant trente années l'organe le plus éloquent et le plus courageux, on pourrait dire le plus opiniâtre, de leurs plaintes : il a fait vingt volumes dans ce sens. C'est dans ce sens seulement qu'il écrivit contre ces fameuses lettres où Edmond Burke prédisait d'une manière si effrayante et si vraie les malheurs que devait bientôt amener la révolution française. Apparemment qu'on ne connut pas bien ici l'objet de cette réponse de Priestley ; car elle lui procura d'être nommé citoyen français et membre de la Convention, deux titres qui ne semblaient pas convenir alors à un si ardent défenseur de la révélation ni de la tolérance universelle. Cependant il se para toujours du premier ; mais il éluda l'exercice du second, sous prétexte qu'il ne savait pas assez notre langue.

Sans vouloir prononcer sur le fond, je dois dire encore que les écrits politiques de Priestley réunissent