Aller au contenu

Page:Cuvier - Recueil des éloges historiques vol 1.djvu/225

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

peut seule inspirer, et personne n'est mieux fait pour en sentir la nécessité que ceux qui, par une passion d'un autre genre, ont exposé mille fois leur vie pour procurer à leur pays quelques plantes nouvelles.

M. Cels dut, plus qu'à tout autre, à l'intrépide voyageur André Michaux, né comme lui à Versailles, qui réunissait comme lui à un goût invincible pour les plantes, quelque chose d'agreste dans le caractère et un courage indomptable, et qui, après avoir parcouru les déserts brûlants de l'Arabie et de la Perse, après s'être enfoncé dans les forêts épaisses de l'Amérique du Nord, en avoir gravi les chaînes les plus escarpées, en avoir fait connaître beaucoup de productions aux propres habitants du pays, vient de périr dans un dernier voyage, où il voulait encore visiter les îles les plus reculées de la mer du Sud.

M. Olivier, M. Bosc, M. Broussonnet, M. Delabillardière et d'autres voyageurs botanistes imitèrent Michaux ; les étrangers eux-mêmes se firent un plaisir de partager avec M. Cels leurs richesses végétales, et il recevait chaque année de nombreux tributs de tous les pays où la botanique est en honneur.

Il est vrai que ces dons ne pouvaient être mieux placés : les espèces les plus délicates réussissaient chez lui ; il semblait qu'elles connussent ses soins et voulussent y répondre. On y admirait, par exemple, deux protéas, arbres du cap de Bonne-Espérance, très-difficiles à élever, et dont aucun jardin d'Europe n'offrait de si beaux individus.