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Page:Cuvier - Recueil des éloges historiques vol 1.djvu/262

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connues. Je possède, disait-il, toutes les grandes routes des sciences ; qu'ai-je besoin des sentiers de traverse ? De là, mépris profond pour les travaux de ses successeurs, négligence absolue des découvertes modernes, même des objets que les voyageurs rapportent; attachement opiniâtre à ses anciennes idées ; ignorance complète de leurs réfutations les plus décisives ; enfin, inutilité absolue d'efforts si longs, si laborieux, mais si faussement dirigés. Par exemple, quoiqu'il s'occupât des mousses, il ne connaissait pas encore, en 1800, l'existence d'Hedwig, ni aucune des découvertes publiées sur cette classe singulière depuis plus de vingt ans.

Ceux qui avaient occasion d'être les confidents de son état, en souffraient d'autant plus, que, tout en le plaignant, ils ne pouvaient s'empêcher de l'aimer.

En effet, si une solide prolongée avait donné à son esprit une direction malheureuse, cette défiance funeste que la retraite produit si souvent, et qui a troublé le repos de tant de solitaires, n'avait point pénétré dans son cœur. Ses manières, toujours vives, étaient aussi toujours bienveillantes ; il avait de lui-même des idées exagérées, mais il ne doutait point que tout le monde ne les partageât ; et, au milieu des privations les plus cruelles de sa vieillesse, on ne l'entendait point accuser les autres.

Il faut avouer cependant qu'il y a eu des moments où il en aurait eu le droit. Sa principale fortune consistait en d'eux pensions médiocres, prix de ses travaux au Sénégal et des objets qu'il avait cédés au