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pu lui procurer une profession plus populaire, se consacra pour toujours à la retraite et à l'étude.

Parmi les emplois qu'on pouvait lui donner dans sa congrégation, il désira de préférence d'être attaché à la bibliothèque, attendu que c'était s'attacher en même temps aux hommes qu'il avait pris pour modèles ; et qui en avaient précisément la direction. Il ne lui restait plus qu'à choisir entre tant de sciences diverses ; et il se détermina pour la botanique, parce qu'il jugea qu'à l'âge où il était, et après avoir employé tant de temps à acquérir des connaissances si étrangères à celles qu'il voulait désormais cultiver, c'était la seule où il pût espérer de faire assez de progrès pour se faire distinguer un jour J mais à peine avait-il commencé à suivre les leçons de nos célèbres botanistes, qu'un accident terrible pensa l'enlever à la science qui était destinée à lui tant devoir.

Envoyé en 1788 à Londres pour y acheter des livres, et après avoir rempli sa mission avec beaucoup de zèle, il revint dans un mauvais navire, dont le fond de cale était rempli de chevaux. Une tempête violente s'éleva pendant la route ; les chevaux effrayés s'agitèrent avec tant de force qu'ils percèrent le bâtiment, et que, l'eau gagnant de toutes parts, il ne resta d'espoir que le canot : le capitaine y descendit avec ceux qu'il aimait le mieux ; abandonnant le reste à la mort. Il ne choisit point M. Ventenat, ne jugeant pas apparemment qu'un savant et qu'un religieux fut de ceux qu'il importait de sauver. Dans ce moment affreux, Ventenat ne consulte que son courage ; il se