Page:Cuvier - Recueil des éloges historiques vol 1.djvu/356

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troublé, et qui recèlent encore ces restes des époques le plus nouvelles de l'histoire du globe.

Avec des matériaux si nombreux et si importants, il fallait bien du courage pour résister à la tentation de faire un système.

De Saussure eut ce courage, et nous en ferons le dernier trait et le trait principal de son éloge. Son esprit était trop élevé pour ne pas embrasser en quelque sorte d'avance tout le champ de la science, et pour ne pas sentir à quel point-elle était encore pauvre, malgré tous les faits dont il l'avait enrichie ; et c'est par une indication de tout ce qu'il laisse encore à chercher après lui, qu'il termine ses voyages. Un si bel exemple n'a pas détourné ses successeurs d'accumuler comme auparavant les systèmes les plus romanesques ; mais c'est une raison de plus pour que nous insistions sur un genre de mérite aussi rare.

De Saussure semblait encore d'âge à recueillir lui-même une partie des observations qu'il désirait ; mais une maladie dont il avait pris peut-être le germe dans les fatigues de ses voyages, commença à se développer un peu à près sa cinquantième année : elle fut augmentée par quelques inquiétudes sur le dérangement que la révolution de France apportait dans sa fortune. Trois attaques de paralysie l'affaiblirent successivement, et il périt, après quatre années de souffrances, le 22 janvier 1799, âgé seulement de 59 ans.

Honoré, aimé autant que Bonnet par ses concitoyens et par les étrangers, de Saussure eut de plus que son oncle, le bonheur de revivre dans un fils qu'il a vu se -