Page:Cuvier - Recueil des éloges historiques vol 1.djvu/362

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par l’espoir de rendre à leurs contemporains des services plus immédiats, et, croyant qu'un esprit exercé à la recherche de la vérité leur suffirait pour se diriger au milieu de cette foule sans cesse agitée en des sens divers par ses passions personnelles. Des malheurs cruels, les persécutions, la mort, ont été pour quelques-uns la peine de cette innocente erreur. Ceux même dont les succès pourraient en imposer n’ont eu que trop d'occasions, au milieu des soucis et des peines secrètes du cœur, de regretter le calme du cabinet et ces travaux paisibles qui leur méritaient à coup sûr l'approbation et le respect, tandis que dans leur autre carrière les intentions les plus pures n’ont pu les mettre toujours à l'abri de la calomnie, ni la bienfaisance la plus active les préserver de l'ingratitude.

L‘homme illustre dont nous allons vous entretenir, s’est livré plus d’une fois avec amertume à cette comparaison ; et dans ses moments les plus prospères, ou l’idée que l’on se faisait de son crédit l’entourait de plus de flatteurs, aussi bien que dans ceux où quelque bruit opposé le rendait à son isolement, il tournait sans cesse ses regards en arrière vers ce temps où, sans autre influence que celle de son talent, il était sûr de voir accourir à lui des milliers d’auditeurs de tous les pays où l’on cultive les sciences, et de compter pour ainsi dire, autant d’élèves reconnaissants qu’il existait de chimistes éclairés.

Sa vie, si instructive sous ce rapport, ne l’est pas moins dans ses autres détails : elle nous montre le pouvoir du travail et de la volonté pour maîtriser la fortune