Page:Cuvier - Recueil des éloges historiques vol 1.djvu/364

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à celui que décrit ce poète dans sa troisième satire ; plaisanterie que les conviés trouvèrent, dit-on, assez froide. Un troisième, Charles de Fourcroy, se rendit célèbre sous Louis XV ; et son fils, Charles René de Fourcroy de Ramecourt, maréchal de camp et cordon rouge, siégea pendant plusieurs années à l’Académie des sciences avec celui dont nous faisons l'histoire.

Antoine-François de Fourcroy, qui était destiné à faire revivre dans une autre carrière l'éloquence de ses ancêtres, appartenait à une branche tombée par degrés dans la pauvreté. Son père exerçait à Paris l’état de pharmacien, mais seulement en vertu d’une charge qu’il avait dans la maison du duo d’Orléans. La corporation des apothicaires obtint la suppression générale de ces sortes de charges, et cet événement détruisit le peu de fortune qui restait à M. de Foureroy le père, en sorte que son fils ne commença à se connaître qu’au milieu des malheurs que le monopole des corps privilégiés avait fait éprouver à sa famille.

Il en conserva un souvenir d’autant plus vif, qu’un tempérament délicat lui avait donné dès l’enfance une extrême sensibilité. Ayant perdu sa mère à l'âge de sept ans, il voulait se jeter dans sa fosse. Les soins tendres d’une sœur aînée eurent peine a le conserver jusqu’a l'âge où l’on put le faire entrer au collège.

Ici de nouvelles injustices durent encore ulcérer ce jeune cœur contre la société. Le hasard le fit tomber sous un préfet brutal, qui le prit en aversion, et qui trouvait quelque prétexte pour le faire fustiger chaque fois qu’il réussissait à avoir de bonnes places. Ce génie