Page:Cuvier - Recueil des éloges historiques vol 1.djvu/371

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noble. On croit y retrouver à la fois ces assemblées ou tout un peuple était animé par la voix d’un orateur, et ces écoles où des hommes choisis venaient se pénétrer des oracles d’un sage. Les leçons de M. de Fourcroy, du moins, répondaient complètement à cette double image : Platon et Démosthènes semblaient réunis, et il faudrait être l’un ou l’autre pour en donner une idée. Enchaînement dans la méthode, abondance dans l’élocution ; noblesse, justesse, élégance dans les termes, comme s’ils eussent été longuement choisis ; rapidité, éclat, nouveauté, comme s’ils eussent été subitement inspirés ; organe flexible, sonore, argentin, se prêtant à tous les mouvements, pénétrant dans tous les recoins du plus vaste auditoire : la nature lui avait tout donné. Tantôt son discours coulait également et avec majesté ; il imposait par la grandeur des images et la pompe du style : tantôt, variant ses accents, il passait insensiblement à la familiarité ingénieuse, et rappelait l’attention par des traits d’une gaieté aimable. Vous eussiez vu des centaines d’auditeurs de toutes les classes ; de toutes les nations passer des heures entières pressés les uns contre les autres, craignant presque de respirer, les yeux ; fixes sur les siens, suspendus à sa bouche, comme dit un poète (pendent ab ore loquentis). Son regard de feu parcourait cette foule ; il savait distinguer dans le rang le plus éloigné l'esprit difficile qui doutait encore, l’esprit lent qui ne comprenait pas : il redoublait pour eux d’arguments et d’images ; il variait ses expressions jus -