Page:Cuvier - Recueil des éloges historiques vol 1.djvu/420

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plus neuves et plus piquantes. À peine s'était-on occupé avant lui de ce fluide, que l'on ne connaissait que par les explosions qu'il produit quelquefois dans les mines. M. Cavendish, le traitant comme l'air fixe, fit voir que l'air inflammable est identique et jouit des mêmes propriétés, soit qu'on le retire de la dissolution du fer, ou de celle du zinc, ou de celle du cuivre ; et parmi ces propriétés il fit surtout connaître cette légèreté spécifique, près de dix fois plus grande que celle de l'air commun, dont notre confrère M. Charles a fait depuis un usage si heureux pour rendre la navigation aérienne sûre et facile. On peut dire, en effet, que, sans la découverte de M. Cavendish et l'application que M. Charles en a faite, celle de M. de Montgolfier n'aurait presque pas été praticable, tant ce feu nécessaire dans les montgolfières pour tenir l'air commun dilaté offrait de dangers et d'embarras à l'aéronaute.

Mais le travail de M. Cavendish sur les airs eut bien d'autres conséquences, et son importance se décela promptement par sa fécondité. La certitude une fois acquise qu'il pouvait exister plusieurs fluides élastiques, constants dans leurs propriétés et spécifiquement différents dans leur nature, occasionna d'abord les premières recherches de Priestley, lesquelles firent connaître deux nouvelles espèces de ces fluides, l'air phlogistiqué et l'air nitreux : aussitôt l'on commença à entrevoir à quel point les différents airs devaient influer sur les phénomènes de la nature, et à juger qu'une physique et une chimie, créées sans aucun égard à des agents si puissants et si universels, ne pouvaient être solides.