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Page:Cuvier - Recueil des éloges historiques vol 1.djvu/464

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ligion : religion singulière, expulsée de l'Indostan par les Brames dans le premier siècle de notre ère, et qui, dominant aujourd’hui à la Chine, au Japon, dans la moitié de la Tartarie, à Ceilan et dans toute la presqu'île au delà du Gange, le dispute presque au christianisme et au mahométisme pour l'étendue de son territoire. La métaphysique qui lui sert de base, ses dogmes, sa morale, son droit canonique, ses rites, et jusqu’aux vêtements de son clergé, ont avec le christianisme des rapports qui ont frappé et quelquefois trompé nos missionnaires ; mais ce serait tout au plus un christianisme altéré par l’alliage le plus monstrueux. Le chef suprême n'est pas seulement le vicaire de Dieu ; c’est Dieu lui-même, qui s’incarne successivement dans tous les individus qu’on élève à cette chaire. Quelques-uns des chefs inférieurs participent aussi à la divinité. Le monarque chinois le reconnaît en eux ; mais, pour qu’ils n’en abusent point, il a su se rendre maître de leurs villes sacrées, et leur autorité spirituelle ne s’exerce plus que sous son influence. Dans cette religion, comme dans beaucoup d’autres, il s’est formé un schisme, et depuis environ deux siècles il y a deux grands Lamas indépendants. Comme dans beaucoup d’autres religions encore, ces deux chefs se sont longtemps maudits mutuellement ; mais, un exemple unique et qu’eux seuls ont donné, c’est qu’ils se sont raccommodés, qu’ils se reconnaissent maintenant de part et d’autre pour des dieux, et que leurs partisans vivent paisiblement ensemble dans toute la Tartarie.

La cause du schisme fut qu’un Lama régnant pré-