Page:Cuvier - Recueil des éloges historiques vol 1.djvu/61

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fausses routes où tant d’hommes supérieurs n’ont pas laissé de s’engager, séduits par leur imagination ou par le désir de recueillir trop promptement les suffrages de la multitude.

La vie des savants nous enseigne à chaque page que les grandes vérités n’ont été découvertes et établies que par des études prolongées, solitaires, dirigées constamment sur un objet spécial, guidées sans cesse par une logique méfiante et sévère. Partout on y voit manquer le but, et à l’homme qui dissipe les forces de son esprit en les appliquant à des objets trop variés ; et à celui qui, abandonnant l’expérience et le calcul, s’embarrasse lui-même dans ses paroles et dans ses raisonnements ; et à celui qui, trop pressé de jouir, ne donne pas à son sujet le temps et l’attention qu’ils exigent. Mais, partout aussi, à côté de ces difficultés on voit de douces jouissances, des jouissances indépendantes même du succès : le bonheur de l’étude est peut-être le seul qui ait ce privilège, de pouvoir tenir lieu de tous les autres.

C’est sous ces divers points de vue que l’auteur a envisagé ses fonctions ; jamais il n’a pensé remplir un simple ministère d’apparat : une bonne direction à donner à la jeunesse, les progrès futurs des sciences, tout ce que la société peut en retirer d’avantages, l’ont sans cesse occupé ; et ces idées seules ont pu le soutenir contre le sentiment de sa faiblesse, et diminuer le découragement que devaient naturellement