Page:Cuvier - Recueil des éloges historiques vol 1.djvu/7

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

rapprochés, tantôt réunissaient les plus disparates. En un mot, la classification, qui n’a pourtant d'autre but que de marquer les vrais rapports des êtres, rompait presque partout ces rapports ; et cet instrument de la méthode, qui ne sert l’esprit qu'autant qu’il lui donne des idées justes des choses, ne lui en donnait presque partout que des idées fausses.

Toute cette classification de Linnæus était donc à refondre, et le cadre presque entier de la science à refaire.

Or, pour atteindre ce but, il fallait d’abord fonder la classification sur l'organisation, car c'est l'organisation seule qui donne les vrais rapports ; en d’autres termes, il fallait fonder la zoologie sur l‘anatomie ; il fallait ensuite porter sur la méthode elle-même des vues plus justes et surtout plus élevées qu’on ne le faisait alors.

Ce sont, en effet, ces vues élevées sur la méthode, ce sont ces études approfondies sur l'organisation qui brillent dès les premiers travaux de M. Cuvier : ressorts puissants au moyen desquels il est parvenu à opérer successivement la réforme de toutes les branches de la zoologie l’une après l’autre, et à renouveler enfin, dans tout son ensemble, cette vaste et grande science.

J'ai déjà dit que c’était surtout dans la classe des vers de Linnæus que régnaient le désordre et la confusion. Tous les animaux à sang blanc, c’est-à-dire plus de la moitié du règne animal, s'y trouvaient jetés pêle-mêle.

C'est dès le premier de ses mémoires, publié en 1795, que M. Cuvier fait remarquer l'extrême différence des êtres confondus jusque-là sous ce nom vague d'animaux à sang blanc, et qu'il les sépare nettement les uns des autres, d’abord, en trois grandes classes :

Les mollusques, qui, comme le poulpe, la seiche, les huîtres, ont un cœur, un système vasculaire complet, et respirant par des branchies ;

Les insectes, qui n’ont, au lieu de cœur, qu'un simple vaisseau dorsal, et respirent par des trachées ;

Enfin, les zoophytes, animaux dont la structure est si simple qu’elle leur a valu ce nom même de zoophytes, d’animaux-