Aller au contenu

Page:Cyrano de Bergerac - Œuvres, 1676, volume 1.djvu/181

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CONTRE
LES MEDECINS.

LETTRE XVIII.


MONSIEUR,

Puis que je ſuis condamné (mais ce n’eſt que du Médecin) dont j’appelleray plus aiſément que d’un Arreſt Prevoſtal, vous voulez bien que de meſme que les Criminels qui prêchent le peuple quand ils ſont ſur l’Echelle, moy qui ſuis entre les mains du Bourreau, je faſſe auſſi des remontrances à la jeuneſſe. La Fièvre & le Drogueur me tiennent le poignard ſur la gorge avec tant de rigueur, que j’eſpere d’eux qu’ils ne ſouffiriront pas que mon diſcours vous puiſſe ennuyer. Il ne laiſſe pas, Monſîeur le Gradué, de me dire que ce ne ſera rien, & proteſte cependant à tout le Monde que ſans miracle je n’en puis relever. Leurs préſages toutefois encore que funeſtes ne m’alarment gueres ; car je connois aſſez que la ſoupleſſe de leur art les oblige de condamner tous leurs Malades à la mort, afin que ſi quelqu’un en échape, on attribuë la gueriſon aux puiſſans reme-