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Page:Cyrano de Bergerac - Œuvres, 1676, volume 1.djvu/192

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D’UN SONGE.

LETTRE XX.

MONSIEUR,

Cette vision de Quevedo, que nous eûmes hier ensemble laissa de si fortes impressions en ma pensée du plaisant Tableau qu’il dépeint, que cette nuit, je me suis trouvé en songe aux Enfers, mais ces Enfers là m’ont paru bien diférens du nôtre ; leur diversité m’a fait croire que c’étoient les Champs Elisées ; & en effet je n’eus pas avancé fort peu de chemin, que je reconnus l’Averne, comme les Grecs & les Romains l’ont décrite : J’y vis l’Acheron, le Fleuve de l’Oubly, le vigilant Cerbère, les Gorgones, les Furies & les Parques, Ixion sur la roue, Titie dévoré par un Vautour, & beaucoup d’autres choses, qui sont plus au long dans la Mithologie. Ayant passé plus avant, je rencontray force gens vêtus à la Greque & à la Romaine, dont les uns parloient Grec, & les autres Latin, & j’en apperceu d’autres occupez