Page:Cyrano de Bergerac - Œuvres, 1676, volume 1.djvu/62

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que luy donne la memoire du deſaſtre de ſon Fils aîné : il ne void ſur la terre que vous où il ſe reconoiſſe : S’il vous conſidere marcher ; voila, dit-il, la genereuſe inſolence dont je marchois contre le Serpent Python ; s’il vous entend diſcourir ſur des matieres delicates, c’eſt ainſi que je parle, dit-il, ſur le Parnaſſe avec mes Sœurs ; enfin ce pauvre Pere ne ſçait en quelle façon exprimer la joye que luy cauſe l’imagination de vous avoir engendrée. Il eſt jeune comme vous, vous eſtes belle comme luy, ſon temperament & le voſtre ſont tout de feu : il donne la vie & la mort aux hommes, & vos yeux comme les ſiens font la meſme choſe, comme luy vous avez les cheveux roux : J’en eſtois là de ma Lettre, adorable M… lors qu’un Cenſeur à contre-ſens m’arracha la plume, & me dit que c’eſtoit mal ſe prendre au Panegyrique de loüer un jeune perſonne de beauté, parce qu’elle eſtoit rouſſe. Moy ne pouvant punir cét orgueilleux plus ſenſiblement que par le ſilence : Je pris une autre plume, & continuay ainſi. Une belle teſte ſous une perruque rouſſe, n’eſt autre choſe que le Soleil au milieu de ſes rayons, ou le Soleil luy-meſme n’eſt autre choſe qu’un grand œil ſous la perruque d’une rouſſe ; cepen-