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Page:Cyrano de Bergerac - Œuvres, 1676, volume 1.djvu/95

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dant j’en ay ſurpris d’attentives à guetter au paſſage quelque Verſet de leur Office, pour répondre à propos, comme ceux qui veulent chanter à Veſpres, & ne les ſçavent pas, attendent à l’affût le Gloria Patri, etc. pour s’y égoſiller. Ce que je trouve encore de bien divertiſſant, ſont les mépriſes, où elles s’embarraſſent quand il faut obeïr ou n’obeïr pas. Le Conjurateur commandoit à une de baiſer la terre toutes les fois qu’il articuleroit le ſacré Nom de Dieu : Ce Diable d’obeïſſance le faiſoit fort devotement ; mais comme il vint encore un coup à luy ordonner la meſme choſe en autres termes, que ceux dont il uſoit ordinairement (car il luy commanda par le Fils Coeternel du Souverain Eſtre,) ce Novice Demoniaque, qui n’eſtoit pas Theologien demeura plat, rougit, & ſe jetta aux injures, juſqu’à ce que l’Exorciſte l’ayant appaiſé par des mots plus ordinaires, il ſe remit à raiſonner. J’obſervay outre cela, que ſelon que le Preſtre hauſſoit ſa voix, le Diable augmentoit ſa colere, bien ſouvent à des paroles de nul poids, à cauſe qu’il les avoit prononcées avec plus d’éclat, & qu’au contraire il avaloit doux comme lait, des Exorciſmes qui faiſoit trembler, à cauſe qu’eſtant las de crier, il les