Page:Cyrano de Bergerac - L autre monde ou Les états et empires de la lune et du soleil, nouv éd, 1932.djvu/277

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sur les lieux s’enquérir si Verdelet y avoit été : Verdelet fut convaincu de fourbe, Verdelet fut fouetté, et Verdelet pour se venger m’eût fait manger au matou, sans lui[1]. » Le Roi d’un baissement de tête, témoigna qu’il étoit content de la pitié qu’elle avoit eue de mon désastre ; il lui défendit toutefois de me plus parler en secret. Ensuite il demanda à l’Avocat de ma partie, si son plaidoyer étoit prêt. Il fit signe de la patte qu’il alloit parler, et voici ce me semble les mêmes points dont il insista contre moi :


Plaidoyer fait au parlement des oiseaux
les chambres assemblées,
contre un animal accusé d’être homme.


« Messieurs, la partie de ce criminel est Guillemette la Charnue, Perdrix de son extraction, nouvellement arrivée du Monde de la Terre, la gorge encore ouverte d’une balle de plomb que lui ont tirée les Hommes, demanderesse à l’encontre du genre humain, et par conséquent à l’encontre d’un animal que je prétends être un membre de ce grand corps. Il ne nous seroit pas malaisé d’empêcher par sa mort les violences qu’il peut faire ; toutefois comme le salut ou la perte de tout ce qui vit, importe à la République des vivans, il me semble que nous mériterions d’être nés Hommes, c’est-à-dire dégradés de la raison et de l’immortalité que nous avons par-dessus eux, si nous leur avions ressemblé par quelqu’une de leurs injustices.

« Examinons donc, Messieurs, les difficultés de ce procès avec toute la contention de laquelle nos divins esprits sont capables.

  1. Var. d’un autre tirage : « m’avoit voulu faire manger au matou ».