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Il faudrait chercher l’origine de l’animosité subite de Cyrano contre « Soucidas » dans l’affaire du Chapon : Dassoucy aurait soustrait malicieusement, un jour que Cyrano avait grand’faim, un chapon au sortir de la broche !

Un grief moins puéril, et même grave, justifierait-il les grossières injures dont notre Parisien accable celui qui l’avait généreusement hébergé à l’époque où, à peu près sans ressources, Cyrano anticipait sur l’héritage paternel ? Il traite Dassouçy de « gale aux fesses de la Nature, de bougre, qu’on doute en le voyant si sa mère n’a point accouché de lui par le cul, etc., etc. », il l’accuse de n’être pas l’auteur du Jugement de Pâris, alors que lui-même avait présenté ce poème, etc.

La cause de sa haine contre Scarron n’est guère plus fondée. Le Malade de la Reine aurait refusé, crime impardonnable, d’entendre « la lecture d’une page de ses œuvres sous le prétexte qu’elles puaient le portefeuille ».

Cyrano était vraiment d’une susceptibilité maladive.

Ses petites rentes diminuaient chaque année, des pertes de jeu en ayant progressivement aliéné le capital, aussi est-il réduit à demander des ressources à sa plume. Le moment était favorable, Mazarin sentait le besoin de se défendre des calomnies dont on l’accablait. Sa mémoire avait gardé le souvenir des pamphlets de D. B. du début de 1649, arrêtés si brusquement et sans motif connu. Fit-il appel à Cyrano, ou celui-ci lui offrit-il ses services ? Une chose est acquise : l’ancien frondeur devint Mazariniste. À quel prix ? On ne le saura jamais ; mais son factum Contre les Frondeurs (avril ou juin 1651) est un article commandé, c’est du meilleur Cyrano. Son indignation à l’endroit des ennemis du Cardinal le sert pour accabler Scarron, auteur supposé de la Mazarinade,