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L’AUTRE MONDE


Nous avons compris sous la rubrique : L’Autre Monde les deux utopies cyranesques, mais c’est à la première, seule, terminée vers la fin de 1648, que leur auteur avait donné ce titre : L’Autre Monde ou les États et Empires de la Lune ; la seconde : Les États et Empires du Soleil, commencée vers 1650, n’était pas achevée au moment où Cyrano entra au service du duc d’Arpajon (1653).

Les théories scientifiques exposées dans les États et Empires de la Lune sont gassendistes et on sait que Gassendi s’est inspiré du poème de Lucrèce : De Natura Rerum ; elles reflètent les conversations que Cyrano avait eues, en 1641, avec le célèbre philosophe, en compagnie de Chapelle, Bernier et Molière. Rappelons, à ce propos, que le traité de Gassendi : Syntagma Philosophicum... 1658, n’a été publié qu’après sa mort et celle de Cyrano, et c’est pourquoi ce dernier a pu passer, aux yeux de certains de ses biographes, pour un précurseur alors qu’il n’avait été qu’un écho !

Il a existé deux rédactions de L’Autre Monde ; la première — celle des manuscrits de Paris et de Munich[1] — n’est autre que le texte primitif, reflétant la pensée de

  1. Le manuscrit de Paris est préférable à celui de Munich pour la correction de son texte et aussi parce qu’il est plus complet. Le manuscrit de Munich a été l’œuvre, soit d’un copiste maladroit qui ne comprenait guère son auteur, soit d’un étranger connaissant imparfaitement notre langue.