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Page:Cyrano de Bergerac - L autre monde ou Les états et empires de la lune et du soleil, nouv éd, 1932.djvu/86

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rond, puisque vous ne le sauriez savoir, et que de toutes les figures, s’il n’a pas celle-ci, il est certain qu’il ne se peut mouvoir ? Je ne vous reproche point vos excentriques, vos concentriques, ni vos épicicles (30) ; tous lesquels vous ne sauriez expliquer que très confusément, et dont je sauve mon système. Parlons seulement des causes naturelles de ce mouvement. Vous êtes contraints vous autres de recourir aux intelligences qui remuent et gouvernent vos globes. Mais moi, sans interrompre le repos du Souverain Être, qui sans doute a créé la Nature toute parfaite, et de la sagesse duquel il est de l’avoir achevée, de telle sorte que l’ayant accomplie pour une chose, il ne l’ait pas rendue défectueuse pour une autre ; moi, dis-je, je trouve dans la terre les vertus qui la font mouvoir ; je dis donc que les rayons du Soleil, avec ses influences, venant à frapper dessus par leur circulation, la font tourner comme nous faisons tourner un globe en le frappant de la main ; ou de même que les fumées qui s’évaporent continuellement de son sein du côté que le Soleil la regarde, répercutées par le froid de la moyenne région, rejaillissent dessus, et de nécessité ne la pouvant frapper que de biais, la font ainsi pirouetter.

« L’explication des deux autres mouvements est encore moins embrouillée, considérez un peu je vous prie… » À ces mots le Vice-Roi[1] m’interrompit : « J’aime mieux, dit-il, vous dispenser de cette peine ; aussi bien ai-je lu sur ce sujet quelques Livres de Gassendi (31), mais à la charge que vous écouterez ce que me répondit un jour un de nos Pères qui soutenoit votre opinion : « En effet, disoit-il, je m’imagine que la Terre tourne, non point pour les raisons qu’allègue Copernic, mais pource que

  1. Ms : M. de Montmagnie.