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le Fort pour déterminer si l’on donneroit secours aux Sauvages du pays contre les Iroquois (35), je m’en allai tout seul derrière notre habitation au coupeau d’une petite montagne, où voici ce que j’exécutai. J’avois fait une machine que je m’imaginois capable de m’élever autant que je voudrois, en sorte que rien de tout ce que j’y croyois nécessaire n’y manquant, je m’assis dedans, et me précipitai en l’air du haut d’une roche. Mais parce que je n’avois pas bien pris mes mesures, je culbutai rudement dans la vallée. Tout froissé néanmoins que j’étois, je m’en retournai dans ma chambre sans perdre courage, et je pris de la moelle de bœuf, dont je m’oignis tout le corps, car j’étois tout meurtri depuis la tête jusqu’aux pieds ; et après m’être fortifié le cœur d’une bouteille d’essence cordiale, je m’en retournai chercher ma machine ; mais je ne la trouvai point, car certains soldats, qu’on avoit envoyés dans la forêt couper du bois pour faire le feu de la Saint-Jean, l’ayant rencontrée par hasard, l’avoient apportée au Fort, où après plusieurs explications de ce que ce pouvoit être, quand on eut découvert l’invention du ressort, quelques-uns dirent qu’il falloit attacher quantité de fusées volantes, pource que, leur rapidité les ayant enlevées bien haut, et le ressort agitant ses grandes ailes, il n’y auroit personne qui ne prit cette machine pour un dragon de feu (36) Je la cherchai longtemps cependant, mais enfin je la trouvai au milieu de la place de Kebec, comme on y mettoit le feu (37). La douleur de rencontrer l’œuvre de mes mains en un si grand péril, me transporta tellement, que je courus saisir le bras du soldat qui y allumoit le feu, je lui arrachai sa mèche, et me jetai tout furieux dans ma machine pour briser l’artifice dont elle étoit environnée ; mais j’arrivai trop tard, car à peine y eus-je les deux pieds, que me voilà enlevé dans la nue. L’horreur dont