Page:D'Hérisson - La Légende de Metz, 1888.djvu/104

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l’Empereur, et dont d’autres, plus adroits, avaient décliné les responsabilités.

Les désastres étaient à prévoir avec une armée dans ces conditions-là, et tous ceux qui, jusqu’à ce jour, mus par des sentiments que je n’ai pas à analyser, avaient apporté dans l’exécution des ordres du maréchal la plus coupable lenteur, ou ne les avaient pas exécutés du tout, — ceux-là acceptèrent avec empressement un commandant en chef qui allait être responsable non seulement des fautes déjà commises, mais encore de celles qu’il leur restait à commettre.

J’ai dit, dans un de mes précédents ouvrages, combien les souverains savent exploiter à leur profit la popularité, la célébrité, le génie de leurs sujets, et se décharger sur eux de toutes leurs fautes. Louis XIV est devenu Grand, son siècle est un des quatre cités dans l’histoire, parce qu’il avait cette faculté portée au plus haut degré. Aussi la pensée de l’Empereur ne fut pas uniquement de donner à l’armée un chef digne de la conduire, et, comme il le disait naïvement, quoique un peu tard, que l’opinion publique, unie à celle de l’armée, avait désigné à son choix, malgré les intrigues politiques et les basses jalousies ; — mais surtout de faire porter à un autre le poids des nombreuses fautes qu’il venait de commettre, — sauvant à la fois, s’il lui était possible, sa réputation militaire et son trône, tous deux fortement ébranlés.