semblé reconnaître encore cette virilité quand il fit face à ses juges, avant qu’ils se retirassent pour le condamner. Sa réponse à l’appel du duc d’Aumale, articulée tête haute, comme il convenait à un soldat français, une rougeur colorant ses joues blêmes, un éclair superbe de fierté sévère dans ses yeux bleus, mais sans le moindre tremblement dans cette vaillante voix, avec laquelle il avait si souvent commandé la marche en avant à plus d’un de ceux qui se trouvaient parmi ses auditeurs ; sa réponse, dis-je, pleine de dignité, fut prononcée d’une voix ferme :
« J’ai sur la poitrine deux mots : « Honneur et Patrie », qui ont été la devise de ma vie. Je n’y ai jamais manqué, ni à Metz, ni pendant mes quarante-deux ans de service. Je le jure par le Christ ! »
Ce vieux soldat, qui avait littéralement trouvé son bâton de maréchal dans son sac, s’était toute sa vie conformé à cette noble devise. La simple et mâle dignité de son caractère se révèle à chaque page de cette défense, diffuse, sans art et singulièrement candide. Quand le général Rivières 6 l’auteur du rapport