De toutes ces lettres je ne veux citer qu’une, afin de donner la mesure de l’indignation qu’avait répandue dans l’armée un pareil langage.
A M. le rédacteur en chef de l’Indépendance belge.
Aix-la-Chapelle, le 23 décembre 1870.
Monsieur le Rédacteur,
Je viens de lire dans votre numéro du 22 décembre une lettre ; datée de Hambourg, 27 novembre, dont vous n’êtes pas autorisé à faire connaître la signature. Je suis tenté de croire que cette lettre est apocryphe, ou tout au moins que le nom du véritable auteur ne vous a pas été communiqué : elle ne peut être attribuée à un grand seigneur, si toutefois vous admettez avec moi que cette épithète doive être réservée aux hommes d’un cœur généreux et d’une âme nourrie de sentiments élevés ; elle ne peut être d’un ancien ami des Tuileries, car l’amitié ne saurait avoir de pareils retours de lâcheté ; elle ne peut venir d’un homme qui a occupé la haute position d’attaché militaire à l’ambassade de France près d’une grande puissance du Nord. Cette position, il l’aurait due à la faveur du souverain, dont le nom seul lui fait horreur aujourd’hui. Comment d’ailleurs admettre qu’un colonel d’état-major puisse se vanter publiquement d’avoir été la tête d’une sédition militaire en présence de l’ennemi, à l’heure où des circonstances, que je ne veux pas apprécier ici, nous avaient réduits, de l’aveu du plus grand hombre, à subir la loi du plus fort ? Comment comprendre qu’on puisse donner sans pudeur de pareils exemples de décrépitude morale !
Cette lettre ne peut être que l’œuvre d’un fou. Si je me