huit mois l’accusé — le maréchal Bazaine — fut tenu dans une prison étroite. Un animal féroce n’eût pas été entouré de plus de surveillance et plus privé de liberté. Cela pouvait être considéré comme étrange, car ce même maréchal de France avait été pendant quatre mois prisonnier des Prussiens — prisonnier sur parole, — puis il était rentré en France et avait habité Paris en pleine liberté.
Qui donc aurait pu l’empêcher de se réfugier à l’étranger, s’il s’était senti coupable ? Qui ? Certes, pas M. le colonel d’Andlau, son accusateur, lui qui devait, dans la suite, prendre cette mesure de sûreté à son profit. Non, il était resté, il avait instamment demandé des juges, commettant cette faute, que l’on commet si souvent, de juger les autres d’après soi, — confiant dans l’intelligence, la loyauté, la bonne foi du tribunal militaire auquel on le déférait, quelle qu’en fût la composition.
Le 24 mai 1873, un vote de la Chambre faisait descendre du pouvoir, avec une facilité stupéfiante, l’homme qui se croyait et que l’on croyait indispensable. Ce révolutionnaire, auquel la Révolution doit quarante années d’existence, auquel la France doit en grande partie toutes les calamités du gouvernement de Juillet, de la seconde République, du second Empire, de la Commune et enfin de la troisième République ; à qui la France doit encore aujourd’hui l’affaissement