Page:D'Hérisson - La Légende de Metz, 1888.djvu/249

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défendra pas, et qu’ainsi la condamnation sera certaine et paraîtra juste.

En effet, le maréchal fut condamné à l’unanimité.

Mais on sait maintenant comment cette unanimité fut obtenue.

M. le duc d’Aumale, sachant que deux ou trois membres du conseil étaient flottants, ou craignant qu’ils ne le fussent,— trois membres étaient d’un grand poids dans un conseil composé de six ! — réunit le conseil avant la dernière délibération, en prenant toutefois la précaution de prévenir ses membres qu’il ne s’agissait pas d’une délibération officielle, mais d’une simple conversation tout amicale.

Il leur représenta que, sans rien préjuger de leurs convictions, la condamnation du maréchal était inévitable, et que, dans cette hypothèse, il était désirable, vu l’intérêt du grand exemple si utile à donner, que cette condamnation fût prononcée à l’unanimité.

Le gouvernement avait assumé toute la responsabilité de la sentence, non seulement en constituant le Conseil de guerre, — ce qui prouvait dans sa pensée la culpabilité du maréchal, — mais encore en donnant la grand’croix de la Légion d’honneur à deux des juges, quelques jours seulement après leur entrée en fonction.

Fait sans précédent !

En supposant que les deux officiers généraux méritassent cette haute récompense, le moment était mal