Page:D'Hérisson - La Légende de Metz, 1888.djvu/78

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Se souvient-on de ce qu’il arriva ensuite ?

C’est ici qu’intervient l’intrigue politique.

Il y avait à Versailles un monsieur auquel on venait de rendre, en même temps que des millions qui ne lui appartenaient pas, des épaulettes de général de division qui lui appartenaient moins encore, car la faveur paternelle les lui avait, pour la première fois, conférées contre toutes les règles et contre toutes les lois, alors qu’il n’avait que 20 ans.

Ce grand militaire, qui n’avait à son actif que la cueillette du parapluie d’Abel-el-Kader à Taguin, en 1848, brûlait du désir de se mettre en relief sans qu’il lui en coûtat le moindre danger, et de poser en stratégiste sans encourir les désagréments… à fusée percutante ou autres, — de la stratégie.

Quelle meilleure occasion pour cela que la présidence du Conseil de guerre chargé de juger un ex-maréchal de l’Empire, quelque peu impérialiste qu’il fût !

Cette présidence, il la chercha, M. d’Aumale… Il la chercha tant et si bien qu’un jour, du haut de la tribune de la Chambre, alors que personne ne lui demandait rien, on l’entendit laissant tomber ces paroles : « Je saurai faire mon devoir, fût-ce même pour juger Bazaine ! »

L’invite était d’autant plus directe qu’elle arrivait à l’improviste, alors que rien dans les circonstances ne la faisait prévoir. Elle ne manqua pas d’être comprise par une Assemblée orléaniste, et de ce jour le procès Bazaine fut décidé,… décidé, beaucoup moins dans le but de punir une félonie, que dans celui d’élever à M. d’Aumale des tréteaux sur lesquels il pourrait parader deux mois durant.

Et c’est ainsi qu’on eut en France et en Europe le spectacle d’un général in partibus, qui n’avait jamais vu d’autre