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Page:D'Isle - Deux cœurs dévoués, 1875.djvu/118

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DEUX CŒURS DÉVOUÉS.

— Pas tant que tu crois ! le marmot a bien ses dix ans sonnés.

— Dix ans ! s’écria Louise, il en a neuf depuis trois semaines.

— Eh bien ! admettons neuf ans, quoiqu’il n’y ait pas bien loin de neuf ans trois semaines à dix… Ce n’est plus un âge à se croiser les bras. Il y avait longtemps que je gagnais ma vie à cet âge-là ; nous n’étions pourtant que trois enfants chez mon père, et sa femme lui avait apporté un joli terrain le jour de la noce ! »

À ce moment, il regarda Louise, qui travaillait sans mot dire.

« Vois-tu, mon garçon, continua-t-il en se tournant vers Pierre, faut pas croire à toutes ces sornettes de femmes ; les enfants ne sont pas trop faibles pour l’ouvrage : quand on a ses deux bras, on trouve toujours à s’employer. Ce n’est pas l’avis de monsieur Louis qui fait le fin et le sensible avec sa mère, tout ça par frime de paresse, je m’y connais, il faut faire travailler ce gars-là. Tu l’as assez nourri. Qu’il se nourrisse maintenant !

— Mais que peut-il faire ? demanda Louise, un garçon délicat comme une petite fleur, il s’exténue d’aller à Amboise et d’en revenir, tandis que Jacques fait la route quatre fois sans se lasser. Quand il sera fort…