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Page:D'Isle - Deux cœurs dévoués, 1875.djvu/15

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DEUX CŒURS DÉVOUÉS.

« Ne sors pas aujourd’hui, ma fille, lui dit-elle ; car si tu t’en allais, j’aurais peur de ne plus te revoir. »

Louise regarda sa mère avec inquiétude et lui trouva le visage si altéré, qu’elle en fut tout effrayée ; elle vint tomber en sanglotant devant le lit. Sa mère lui tendit sa main.

« Ne pleure pas, ma fille, lui dit-elle ; le bon Dieu veut que je m’en aille, je m’en vais. Que sa volonté soit faite ! Je veillerai sur toi quand je serai avec les anges. »

Puis, se soulevant à moitié, pendant qu’un pâle sourire errait sur ses lèvres, elle prit sous son oreiller une petite bourse de tricot qu’elle mit dans les mains de sa fille.

« Il y a dans cette bourse vingt-cinq francs, lui dit-elle ; je les ai économisés sou par sou, depuis ta naissance, pour t’acheter une robe le jour de ta première communion. Cache bien notre petit trésor : c’est le dernier cadeau de ta mère. »

Elle essaya de se pencher sur l’épaule de sa fille, qui l’embrassa en fondant en larmes.

Quelques moments plus tard, le curé de Morancé, appelé en toute hâte par une voisine, venait apporter les dernières consolations à la pauvre femme, et Simon, qui était allé avertir ses frères et ses sœurs du danger où se trouvait leur mère, entrait avec eux dans la chaumière. Ma-