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Page:D'Isle - Deux cœurs dévoués, 1875.djvu/29

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DEUX CŒURS DÉVOUÉS.

La pauvre enfant recommença à sangloter.

« Hélène a du chagrin, Béatrice, dit l’une des jeunes invitées, parce que sa petite sœur est morte il y a quelques jours.

— Ta petite sœur, Hélène ! s’écria Béatrice. Oh ! ma chérie, oui, tu dois avoir bien du chagrin.

— Maman l’a priée de venir pour s’amuser ; mais elle ne veut pas jouer.

— Vraiment ! ma petite Hélène ! Il faut jouer un peu pourtant ; tiens, regarde ma belle poupée ! »

Hélène prit machinalement Merveille, et, essuyant ses yeux, se mit à l’examiner. Elle était plus jeune que Béatrice et moins riche ; aussi cette poupée extraordinaire devait-elle exciter davantage son admiration.

Une demi-heure après, les pleurs ne brillaient plus dans ses yeux et une teinte rose reparaissait sur ses joues. Merveille avait une si jolie figure, elle paraissait dormir ou sourire si réellement, elle parlait si distinctement qu’elle eût, non pas consolé, mais distrait d’un chagrin bien d’autres filles plus grandes qu’Hélène.

Pendant toute la soirée, Béatrice se tint auprès d’Hélène, essayant de la faire sourire et lui montrant tout ce que Merveille savait faire.

Au moment où il fallut se séparer, Hélène berçait dans ses bras la poupée endormie.