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Page:D'Isle - Les naufrages célèbres depuis 1700 jusqu'à nos jours, 1858.djvu/19

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la mer, les autres gagnaient à la nage les premiers débris du vaisseau; les haubans, les vergues, les cordes le long du bord, tout était rempli de malheureux qui y étaient suspendus et comme hésitants entre deux extrémités également terribles et pressantes. Toujours incertain du sort que la Providence me destinait, je vis un père arracher des flammes son fils, l'embrasser, le jeter à la mer, le suivre, le saisir et mourir avec lui. J'avais fait mettre la barre à tribord, le vaisseau arriva, et cette manœuvre nous conserva quelques temps de ce côté, pendant que l'incendie ravageait le côté de bâbord, de l'avant à l'arrière. J'avais été si occupé jusque alors, que je ne pensais encore qu'à la conservation du vaisseau; les horreurs d'un double genre de mort se présentèrent à moi dans ce moment, mais le ciel voulut bien me conserver toute ma fermeté. Je jette les yeux de tous côtés, je me vois seul sur le pont. Les vergues et les mâts étaient chargés d'hommes qui luttaient contre les flots autour du vaisseau, et dont plusieurs étaient emportés à chaque instant par des boulets que la flamme faisait sortir des canons, troisième genre de mort qui augmentait encore l'horreur dont nous étions environnés. Le cœur serré d'angoisse, je détourne mes regards vers la mer. Un moment après, j'entre dans la galerie du côté de tribord; je vois la flamme sortir avec un bruit épouvantable par les fenêtres de la grande chambre et de celle du conseil. Le feu m'approchait et allait me dévorer; ma présence était alors inutile pour la conservation du vaisseau et le soulagement