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Page:D'Orléans - Histoire de la guerre civile en Amérique - Tome 1, 1874.pdf/143

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qui l’avait lâchement vendue. Mais cet îlot, déjà à demi submergé sous le flot montant d’une autre race, ne constituait pas une nationalité. Quant à l’émigrant irlandais, loin de résister à ce flot, il le suivait au contraire ; car, bien qu’il diffère profondément de l’Anglo-Saxon, il ne va chercher une nouvelle patrie que là où il trouve celui-ci déjà fortement établi. Il ressemble à ces plantes difficiles à acclimater qui ne prospèrent que sur un sol déjà préparé par d’autres végétaux plus vigoureux. Par une autre contradiction avec ses mœurs primitives, devenant en Amérique plutôt citadin qu’agriculteur ; les barrières que l’esclavage opposait à l’établissement des laboureurs n’existaient pas pour lui. Aussi s’était-il répandu également dans le Sud et dans le Nord. Il avait adopté, avec cette souplesse d’esprit qui le distingue, toutes les passions, de ceux au milieu desquels il vivait ; et, lorsque la guerre éclata, l’on vit les Irlandais s’enrôler dans les villes du Sud, où ils étaient fort nombreux, avec autant d’ardeur que leurs frères établis dans le Nord embrassaient la défense du drapeau fédéral.

Aucun intérêt commercial ne séparait le Sud de l’ensemble des États du Nord. De grands fleuves formaient de tout le centre du continent un seul