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Page:D'Orléans - Histoire de la guerre civile en Amérique - Tome 1, 1874.pdf/69

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fatale aux Américains ; elle était de vingt-six lieues sans eau ; les chariots enfonçaient, jusqu’à l’essieu, les animaux affaiblis ne pouvaient plus les ébranler : on les abandonnait, et l’on oubliait les soucis du lendemain pour ne songer qu’à gagner les sources les plus voisines, lorsqu’un orage bienfaisant éclata subitement, et, rendant des forces aux bêtes de trait, sauva avec le convoi l’armée tout entière.

Mais ce danger à peine évité, un autre vint la menacer. Au désert stérile a succédé la prairie avec ses hautes herbes desséchées. La marche a été fatigante, car l’on a couru en vain toute la journée à la poursuite de vastes troupeaux, qui, escortés par les vaqueros mexicains, ont fini par disparaître à l’horizon. À peine est-on arrivé au bord d’un lac, près duquel hommes et bêtes cherchent un repos bienfaisant, que l’ennemi le plus redouté des émigrants, le feu de la prairie, annonce son approche. Né sous le souffle vengeur de quelque vaquero, ou autour des cendres négligées à la halte matinale, l’incendie apparaît soudain au-dessus des collines qui bordent le lac, les descend rapidement et va bientôt envelopper ses eaux de flammes et de fumée. Le camp est levé à la hâte ; tout fuit pêle-mêle devant le redoutable élément, qui gagne de vitesse les plus agiles avec