anarchique, la famille et la propriété légales sont des institutions mortes, des hyérographes dont on a perdu le sens : une et indivisible est la famille, une et indivisible est la propriété. Dans cette communion fraternelle, libre est le travail, et libre est l’amour. Tout ce qui est œuvre du bras et de l’intelligence, tout ce qui est objet de production et de consommation, capital commun, propriété collective, appartient à tous et à chacun. Tout ce qui est œuvre du cœur, tout ce qui est d’essence intime, sensation et sentiment individuels, capital particulier, propriété corporelle, tout ce qui est homme, enfin, dans son acception propre, quel que soit son âge ou son sexe, s’appartient. Producteurs et consommateurs produisent et consomment comme il leur plaît, quand il leur plaît et où il leur plaît. « La Liberté est libre. » Personne ne leur demande : Pourquoi ceci ? pourquoi cela ? Tels des enfants de riches, à l’heure de la récréation, puisent dans la corbeille de leurs jouets et y prennent l’un un cerceau, l’autre une raquette, celui-ci une balle et celui-là un arc, s’amusent ensemble ou séparément, et changent de camarades ou de joujoux au gré de leur fantaisie, mais toujours sollicités au mouvement par la vue des autres et par le besoin de leur nature turbulente ; tels aussi les fils de l’anarchie, hommes ou femmes, choisissent dans la communauté l’outil et le labeur
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