dans la circulation universelle une chose soit ici ou soit là-bas, qu’est-ce que cela peut faire ? Chacun n’est il pas libre de la faire transporter où bon lui semble et de se transporter lui-même où il lui semble bon ?
En anarchie, la consommation s’alimente d’elle-même par la production. Un humanisphérien ne comprendrait pas plus qu’on forçât un homme à travailler qu’il ne comprendrait qu’on le forçât à manger. Le besoin de travailler est aussi impérieux chez l’homme naturel que le besoin de manger. L’homme n’est pas tout ventre, il a des bras, un cerveau, et, apparemment, c’est pour les faire fonctionner. Le travail manuel et intellectuel est la nourriture qui le fait vivre. Si l’homme n’avait pour tout besoin que les besoins de la bouche et du ventre, ce ne serait plus un homme, mais une huître, et alors, à la place de ses mains, attributs de son intelligence, la nature lui aurait donné, comme au mollusque, deux écailles. — Et la paresse ! la paresse ! me criez-vous, ô civilisés. La paresse n’est pas la fille de la liberté et du génie humain, mais de l’esclavage et de la civilisation ; c’est quelque chose d’immonde et de contre nature que l’on ne peut rencontrer que dans les vieilles et modernes Sodomes. La paresse, c’est une débauche du bras, un engourdissement de l’esprit. La paresse, ce n’est pas une jouissance, c’est une