rités, ni légalité, ni pénalité, ni frontières ni barrières, ni codes civils ni codes religieux, il n’y a non plus ni autorités civiles, militaires et religieuses, ni avocats ni huissiers, ni avoués ni notaires, ni juges ni policiers, ni bourgeois ni seigneurs, ni prêtres ni soldats, ni trônes ni autels, ni casernes ni églises, ni prisons, ni forteresses, ni bûchers ni échafauds ; ou, s’il y en a encore, c’est conservé dans l’esprit-de-vin, momifié en grandeur naturelle ou reproduit en miniature, le tout rangé et numéroté dans quelque arrière-salle de musée comme des objets de curiosité et d’antiquité. Les livres même des auteurs français, cosaques, allemands, anglais, etc., etc., gisent dans la poussière et les greniers des bibliothèques : personne ne les lit, ce sont des langues mortes du reste. Une langue universelle a remplacé tous ces jargons de nations. Dans cette langue, on dit plus en un mot que dans les nôtres on ne pourrait dire en une phrase. Quand par hasard un humanisphérien s’avise de jeter les yeux sur les pages écrites du temps des civilisés et qu’il a le courage d’en lire quelques lignes, il renferme bientôt le livre avec un frémissement de honte et de dégoût ; et, en songeant à ce qu’était l’humanité à cette époque de dépravation babylonnienne et de constitutions civilitiques, il sent le rouge lui monter au visage, comme une femme, jeune encore,
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