On connaît aussi sa conformation interne, sa physiologie ; on a fait l’anatomie de ses entrailles. Les fouilles ont mis à nu sa charpente osseuse à laquelle on a donné le nom de minéral ; ses artères, où l’eau circule, ses intestins enduits d’une mucosité de feu.
Mais son organisme psychologique, qui s’en est occupé ? Personne. Où est chez elle le siége de la pensée ? où est placé son cerveau ? On l’ignore. Et cependant les globes, pour être d’une nature différente de la nôtre, n’en sont pas moins des êtres mouvants et pensants. Ce que nous avons pris jusqu’ici pour la surface de la terre, en est-il bien réellement la surface ? Et en la dépouillant, en la scalpant des atmosphères qui l’enveloppent, ne mettons-nous pas à vif sa chair et ses fibres, ne lui entamons-nous pas le cervelet jusqu’à la moëlle, ne lui arrachons-nous pas les os avec la peau ?
Qui sait si, pour le globe terrestre qui, lui aussi, est un être animé et dont l’étude zoologique est si loin d’être achevée, qui sait si l’humanité n’est pas la matière de sa cervelle ? Si l’atôme humain n’est pas l’animalcule de la pensée, la molécule de l’intelligence planétaire fonctionnant sous le vaste crâne de ses cer-