imperceptibles, susceptibles d’attraction et de répulsion, et par conséquent de formation et de dissolution. Ce qui fait la vie, ou, ce qui est la même chose, le mouvement, c’est la condensation et la dilatation de la substance élaborée par l’action chimique de la nature. C’est cette alimentation et cette déjection de la vapeur chez la locomotive, de la pensée chez l’homme, qui agite le balancier du corps. Mais le corps s’use par le frottement, la locomotive va au rebut, l’homme à la tombe. C’est ce qu’on appelle la mort, et ce qui n’est qu’une métamorphose, puisque rien ne se perd et que tout reprend forme nouvelle sous la manipulation incessante des forces attractives.
Il est reconnu que le corps humain se renouvelle tous les sept ans ; il ne reste de nous molécule sur molécule. Depuis la plante des pieds jusqu’à la pointe des cheveux, tout a été détruit, parcelle par parcelle. Et l’on voudrait que l’âme, qui n’est que le résumé de nos sensations, quelque chose comme leur vivant miroir, miroir où se reflètent les évolutions de ce monde d’infiniment petits dont le tout s’appelle un homme ; l’on voudrait que l’âme ne se renouvelât pas d’année en année et d’instant en instant ; qu’elle ne perdît rien de son individualité en s’exhalant au-dehors, et n’acquît rien de l’individualité des autres en en respirant les émanations ? Et quand la mort,