Page:Déjacque - L’Humanisphère, utopie anarchique.djvu/73

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Salomon de Caus ? Un utopiste, un fou, mais un fou qui découvrit la vapeur. Et Fulton ? Encore un utopiste. Demandez plutôt aux académiciens de l’Institut et à leur empereur et maître, Napoléon, dit le Grand… Grand comme les monstres fossiles, de bêtise et de férocité. Toutes les idées novatrices furent des utopies à leur naissance ; l’âge seul, en les développant, les fit entrer dans le monde du réel. Les chercheurs du bonheur idéal comme les chercheurs de pierre philosophale ne réaliseront peut-être jamais leur utopie d’une manière absolue, mais leur utopie sera la cause de progrès humanitaires. L’alchimie n’a pas réussi à faire de l’or, mais elle a retiré de son creuset quelque chose de bien plus précieux qu’un vain métal, elle a produit une science, la chimie. La science sociale sera l’œuvre des rêveurs de l’harmonie parfaite.

L’humanité, cette immortelle conquérante, est un corps d’armée qui a son avant-garde dans l’avenir et son arrière-garde dans le passé. Pour déplacer le présent et lui frayer la voie, il lui faut ses avant-postes de tirailleurs, sentinelles perdues qui font le coup de feu de l’idée sur les limites de l’Inconnu. Toutes les grandes étapes de l’humanité, ses marches forcées sur le terrain de la conquête sociale n’ont été accomplies que sur les pas des guides de la pensée. En avant ! lui criaient ces explo-