Page:Délices royales, ou le Jeu des échecs 1864.djvu/60

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trouvant à l’armée avec son frère, souffrant de la faim, inventa les jeux de toute espèce, au nombre desquels on compta ce jeu de délices. Ils décidèrent de passer un jour à jouer divers jeux pour oublier le manger et par ce moyen tromper pendant ce temps leur faim ; puis, le jour suivant, ils mangeaient le peu qu’ils avaient et buvaient, afin de pouvoir jeûner le lendemain. Ils firent ainsi jusqu’à ce que la famine fût passée.

Les Indiens[1] disent avec orgueil qu’un philosophe de leur nation, homme sage et très-versé dans la science de l’astronomie et de la géometrie, et qui s’appelait Scissa, fils de Dâher, trouva et découvrit ce jeu supérieur, par sa science et sa grande intelligence ; il l’expliqua devant Belkib, roi des Indes, lui fit voir sa forme, sa disposition, la manière d’y jouer, et lui en fit connaître toutes les combinaisons. Le roi, voyant la beauté de cette œuvre et le grand génie de l’auteur, lui dit : « Je sais que tu es un homme sage, j’ai vu l’œuvre délicieuse de tes mains ; demande-moi ce que tu veux, demande beaucoup,

  1. Le Dr Forbes est convaincu, après ses recherches profondes et solides (The History of Chess, etc., etc., by Duneau Forbes, London, 1860), que le jeu d’Echecs a pris naissance aux Indes, déjà trois mille ans avant l’ère vulgaire.
    Le traducteur.