Page:Démosthène - Œuvres complètes, Auger, 1819, tome 1.djvu/14

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AVERTISSEMENT.

Souvent la peur d’un mal nous conduit dans un pire. boil.

L’abbé Auger voulant éviter le défaut que Racine reprochait à Tourreil, tombe dans le défaut opposé. Tourreil donnait trop souvent de l’esprit à Démosthène, Auger lui en ôte quelquefois. Par exemple, si Démosthène, accusant certains magistrats vendus à Philippe, dit, qu’ils sont dans Athènes les prytanes de Philippe ; Auger dit, qu’ils font tourner toutes les forces et toutes les ressources de la république au profit de Philippe. C’est bien là le sens, mais non pas l’esprit de l’original. Toutes les fois qu’Auger tombe dans de semblables fautes, j’ai soin d’en avertir dans mes remarques. Mais comme il est certains discours où ces fautes se représentaient trop souvent, et que les renvois continuels du texte aux remarques auraient pu fatiguer le lecteur, il m’a paru plus commode pour lui et pour moi de donner une nouvelle traduction de ces discours[1].

Un court passage, extrait de la harangue sur la couronne, suffira au lecteur pour connaître le système de traduction que j’ai suivi, et les raisons qui m’ont engagé à le suivre.

Démosthène, après avoir rappelé aux Athéniens l’avis qu’il proposa dans une situation alarmante où se trouvait la république, continue ainsi :

 Οὐϰ εἶϖον μὲν ταῦτα, οὐϰ ἔγραψα δέ· οὐδὲ ἔγραψαμεν, οὐϰ ἐϖρέσβευσα δέ· οὐδὲ ἐϖρεσβευσα μὲν, οὐϰ ἔϖεισα δὲ Θηβαίους· ἀλλ’ ἀπὸ τῆς ἀρχῆς διὰ ϖάντων ἄχρι τῆς τελευτῆς διεξῆλθον ϰαὶ ἔδωϰ’ ἐμαυτὸν ὑμῖν ἁϖλῶς εἰς τοὺς ϖεριεστηϰότας τῇ ϖόλει ϰινδύνους.

« Je ne me contentai pas de proposer mon avis sans rédiger le décret, ni de rédiger le décret sans

  1. Ce sont les quatre Philippiques, les trois Olynthiennes, et les deus Harangues d’Eschine et de Démosthène sur la Couronne.