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CINQUIÈME PHILIPPIQUE.

et de passer dans la Grèce après avoir terminé la guerre de Phocide, et réglé le sort des Phocéens ; c’est-là ce qu’il ambitionnait surtout. Quant aux Thessaliens, ils ne voulaient l’agrandissement ni des Thébains, ni de Philippe, qu’ils jugeaient nuisibles à leurs affaires ; mais ils désiraient de recouvrer le droit de séance et de suffrage à l’assemblée des Amphictyons(15), et pour parvenir à ce but, ils ont secondé ce monarque dans ses projets. Ainsi, entraînés chacun par des intérêts particuliers, ils ont tous agi contre leur gré. D’après ces réflexions, il est constant que nous ne pouvons trop nous observer.

Mais devons-nous, par une lâche politique, souffrir qu’on nous fasse la loi ? est-ce là, me dira-t-on, votre conseil ? Non, certes, Athéniens. Mais je pense avoir assez prouvé que je ne dis rien de déraisonnable, et qu’en suivant mon avis, vous ne ferez rien d’indigne de vous, vous éviterez la guerre, et donnerez à tous les peuples une grande opinion de votre sagesse.

Quant à ceux qui, peu inquiets des suites d’une guerre nouvelle, ne craignent point d’avancer que nous devons en braver les hasards, qu’ils écoutent ce raisonnement. Nous laissons Orope aux Thébains : si on nous demandait quel est notre vrai motif, c’est, dirions-nous, pour nous épargner les embarras de la guerre. Nous venons de céder par le traité de paix Amphipolis au roi de Macédoine, nous souffrons que les Gardiens(16) se séparent