Aller au contenu

Page:Démosthène - Œuvres complètes, Auger, 1819, tome 1.djvu/551

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
535
CINQUIÈME PHILIPPIQUE.

qu’en toute manière nous manifestons à leur égard des dispositions peu favorables ; si les Thessaliens en veulent à notre ville, parce qu’elle reçoit les fugitifs de la Phocide, et Philippe, parce qu’elle lui dispute le titre d’Amphictyon ; je crains que toutes ces puissances, animées par un ressentiment particulier, ne se liguent contre Athènes, sous prétexte de défendre les décrets amphictyoniques, et qu’ainsi chaque peuple ne se porte légèrement à nous faire la guerre contre son propre intérêt ; ce qui est arrivé dans les troubles de la Phocide(12). Vous n’ignorez pas, je crois, que les Thébains, les Thessaliens et Philippe, sans avoir chacun le même but principal, ont tous concouru à la même fin. Ainsi les Thébains n’ont pu empêcher que Philippe, pénétrant jusqu’aux Thermopyles, ne s’emparât de ce passage, et que, venu le dernier, il ne leur dérobât la gloire de leurs travaux : ils ont acquis des possessions(13) et perdu l’honneur. Comme ils ne pouvaient obtenir ce qu’ils désiraient, qu’autant que ce prince serait maître des Thermopyles, quoique mécontens qu’il s’en emparât, ils l’ont souffert, parce qu’ils voulaient acquérir Orchomène et Coronée, et qu’ils ne le pouvaient par eux-mêmles. Il en est qui prétendent que le roi de Macédoine a livré ces deux villes aux Thébains de force et non de gré. Pour moi je ne le puis croire, et je sais qu’en tout cela il n’avait rien de plus à cœur que de s’emparer des Thermopyles, de présider aux jeux pythiques(14).