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PRÉLIMINAIRE.

lesquels on frappe l’imagination et on enflamme le cœur. Le panégyriste se propose, il est vrai, dans ses éloges, et doit se proposer, de déterminer les hommes à la vertu par les tableaux nobles et touchans qu’il expose à leurs yeux ; mais cette détermination n’étant point assez précise ni assez marquée, n’est point celle qui me paraît constituer la véritable éloquence.

Les sermons, chez nous, quoiqu’ils soient susceptibles des plus grandes figures, des idées les plus sublimes, des mouvemens les plus animés, par l’importance des objets qu’ils traitent, et des vérités qu’ils annoncent, n’appartiennent à l’éloquence, telle que je la définis, qu’autant que le prédicateur y a pour but quelquefois, non-seulement d’instruire ceux qui l’écoutent, mais de changer actuellement la volonté du pécheur, de le déterminer au bien en le faisant renoncer au mal[1].

  1. Alors on peut dire que le sermon est dans le genre délibératif. L’orateur entreprend de déterminer ses auditeurs dans l’affaire qui les intéresse davantage, dans l’affaire de leur salut éternel, à se porter à tel bien et à éviter tel mal. Plus l’objet du discours est grand et sérieux, plus le style en doit être grave et solide : et on ne peut trop blâmer le prédicateur qui déshonore, disons-le, et qui profane son ministère, en cherchant à flatter l’oreille par les sons agréables d’une diction fleurie, au lieu de frapper l’âme par l’exposé simple, mais noble, des vérités les plus importantes. Un prédicateur qui cherche à plaire par les agrémens