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Page:Démosthène - Œuvres complètes, Auger, 1819, tome 1.djvu/36

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DISCOURS.

qui sont infinies, dans lesquelles il faut déterminer sur-le-champ, à quoi que ce soit, un homme seul, un certain nombre d’hommes, ou une grande multitude.

Quelques-uns pourront dire que je renverse toutes les idées reçues ; qu’on est dans l’usage d’appeler éloquens certains endroits d’un écrit ou d’un discours, qui frappent l’âme par des images fortes et nobles, qui remuent le cœur par des sentimens pathétiques. J’appelle aussi ces endroits éloquens : il serait ridicule de vouloir changer les façons ordinaires de parler, comme il serait déraisonnable de prétendre marquer avec exactitude la nature des choses d’après des façons de parler qui ne sont pas toujours exactes. Mais ici on peut expliquer le mot d’éloquens donné à des discours ou à des écrits qui ne sont pas toujours dans le genre de l’éloquence oratoire ; quand on dit qu’ils sont éloquens, on veut dire, sans doute, qu’on y a employé avec art les plus beaux moyens de l’éloquence : en ce sens, on peut, on doit même les appeler éloquens.

Dans les conversations ordinaires, on parle peut-être plus exactement de l’éloquence, on juge peut-être plus sûrement de sa nature précise, que dans les conversations savantes, ou même dans la plupart des livres qui en ont traité. Qui est-ce qu’on appelle ordinairement, et dans la vie civile, une personne éloquente ? est-ce celle qui discourt vu beaux termes sur des sujets relevés ? non ; mais