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Page:Démosthène - Œuvres complètes, Auger, 1819, tome 1.djvu/442

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SECONDE PHILIPPIQUE.

courage et de ses forces, plus il a excité l’admiration générale ; et vous, au contraire, plus vous êtes restés au-dessous de ce qu’on attendait de vous, plus vous vous êtes déshonorés aux yeux de toute la Grèce. Je passerai donc sous silence tous les succès de Philippe ; car, si l’on veut rechercher les véritables causes de sa grandeur, on reconnaîtra qu’elle est beaucoup plus l’ouvrage de notre conduite que de la sienne. Ainsi donc, tous les avantages dont il est redevable à ceux de vos ministres qui le servent et que vous négligez de punir, je ne crois pas que ce soit le moment d’en parler ; mais tout ce qui n’a point de rapport à sa fortune, tout ce qu’il vous importe le plus de savoir, et qui me semblera propre à le couvrir d’infamie aux yeux de tout appréciateur éclairé des hommes et des choses, voilà ce que je vais vous exposer avec toute la force dont je suis capable.

Si j’allais d’abord, sans en apporter aucune preuve, le traiter de parjure, d’homme sans foi, on pourrait me regarder, et avec raison, comme un vain déclamateur ; mais pour trouver dans chacune de ses actions, autant de preuves de sa mauvaise foi, il suffit d’une courte énumération de tout ce qu’il a fait, et je crois utile d’entrer dans ce détail pour deux raisons : la première, afin que vous le connaissiez pour ce qu’il est, pour un homme sans foi ; la seconde, afin que les esprits faibles qui tremblent au seul nom de Philippe, comme si c’était quelque héros invincible, apprennent qu’il a