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SECONDE PHILIPPIQUE.

quelqu’un me conteste ce que j’avance, je lui cède ma place : qu’il me prouve à moi ou plutôt à vous-mêmes que je suis dans l’erreur ; qu’il vous prouve que des hommes, une fois trompés, voudront toujours l’être, ou qu’enfin les Thessaliens, si indignement asservis, ne soupirent pas après leur liberté(2).

En convenant de ce que je dis, on aurait tort de se figurer que Philippe, maître de tant de places, de tant de ports, en possession de tant d’autres avantages dont il s’est assuré, se soutiendra toujours par la force. Sans doute, quand les alliances sont fondées sur une bienveillance réciproque, quand les confédérés sont animés par le même intérêt, alors aucun travail ne les rebute, aucun revers ne les décourage, rien ne peut les faire changer de parti ; mais, aussitôt qu’un d’entre eux par ambition et par mauvaise foi, s’élève au-dessus des autres, comme Philippe, alors le premier prétexte, le plus léger échec, suffisent pour rompre et dissoudre toute la confédération ; car, il est impossible, Athéniens, absolument impossible de fonder sur l’injustice, sur la mauvaise foi, sur le parjure, une puissance durable. Une telle puissance peut bien s’établir une fois, se soutenir quelques années, et même réaliser, avec le secours de Ja fortune, la plus grande partie de ses espérances ; mais le temps découvre bientôt le vice de sa constitution, et elle tombe d’elle-même en ruine. Car, à mon avis, comme les maisons, les vaisseaux et